[Presse] Portrait de Macaluso dans le RL
"La première fois que j'ai vu Maca, je l'ai pris pour un petit con. Il était en sélection nationale chez les jeunes. Il avait une bonne presse mais les cheveux rasés, ça ne se faisait pas trop chez nous. Plus tard, j'ai joué contre lui et je l'ai eu sur le dos. C'était chiant, vraiment. Il parlait, il m'accrochait, il mettait du cour dans chaque contact. De toute façon, pour réussir à jouer défenseur à dix-huit ans dans une équipe pro, faut être un homme.» Gaston Curbelo a dû rafraîchir ses souvenirs uruguayens lorsqu'il a vu débarquer Damian Macaluso sur ses terres, à Nancy. Un compatriote de plus dans la filière sud-américaine de l'ASNL. Un ami aujourd'hui. «Maintenant, c'est devenu un grand con ! raille-t-il, complice. C'est une terreur sur un terrain mais derrière l'image, il y a un homme toujours en train de déconner, quelqu'un de tranquille. Quelqu'un de bien.» «Bon élève », passé un temps par des études de publicité graphique, il cédera adolescent aux sirènes du football qui le berçaient depuis l'âge de six ans. Commencera alors un long périple qui le déposera finalement en Lorraine en 2006, à l'âge de vingt-six ans. Maca aura fréquenté huit clubs auparavant, en Uruguay et dans les deuxième (Sampdoria, Catane, Venise) et troisième (San Benedetto) divisions italiennes. Il n'a pas choisi cette mobilité. Un agent véreux lui a imposé. «Il détenait mes droits fédératifs, confie-t-il. Je voulais rester dans certaines équipes mais lui me prêtait ailleurs pour se faire de l'argent. J'ai pu me débarrasser de lui à vingt-six ans. Après tout ce qu'il s'était passé, je ne pensais qu'à jouer. Ici, à Nancy, c'est le paradis pour moi. J'ai trouvé ma stabilité.»
Damian Macaluso sait sa carrure dissuasive. Il «en rigole ». Car son caractère est aux antipodes des apparences. Le garçon n'aime rien tant que profiter de sa tranquillité à Houdemont au côté de son épouse, de jouer des percussions, son grand dada, et de sacrifier à sa petite coquetterie : il collectionne les baskets. Ses tatouages ? Des marques de sentimentalisme : trois soleils aztèques symboles de son attachement viscéral à l'Amérique du Sud natale, un poisson (son signe astrologique) et une guirlande de lettres, qu'il déchiffre : «Ce sont les initiales de mes proches : mon père, ma mère, mon frère, ma femme et mon chien. Gennaro.» L'esprit de famille toujours. Et le club de Penarol chevillé au cour. «J'espère finir ma carrière là-bas », dit-il songeur. S'il a choisi d'ajouter la nationalité italienne à son passeport, pour les raisons du football et en hommage à son grand-père, originaire de la Botte, Maca voue un amour passionnel à son Uruguay. Ce natif de Montevideo y a grandi modestement, entre un père ouvrier et une mère secrétaire. «Nous n'avions pas beaucoup d'argent et mon père était souvent absent parce qu'il travaillait tout le temps mais on a toujours eu à manger.»
Nancy lui rend bien. Sceptique lors de son arrivée de D3 italienne, le public du stade Picot a vite adopté ce défenseur rugueux, combattant farouche doté d'une détente et d'un temps de suspension à faire pâmer plus d'un basketteur. «Pour moi, il a le meilleur jeu de tête de l'équipe », assure Curbelo. Le PSG l'a appris à ses dépens le 5 octobre (1-1).