[Presse] Nancy et l'instinct de survie

Il y avait le XV de la Rose ou le XV du Trèfle. Il faut maintenant ajouter le XV au chardon. Qui s'y frotte, s'y pique ! Parlez-en à l'équipe caennaise... A cause des blessures (Gunnarsson, Curbelo, Helder, Berenguer, Malonga) et des suspendus (Macaluso, N'Diaye), seulement quinze joueurs pros de l'ASNL étaient disponibles pour le voyage à Caen samedi. Ça s'était déjà passé de cette façon lors du précédent déplacement nancéien à Bordeaux. Du jamais vu en L1 alors que le règlement autorise des groupes de dix-huit...
Mais ça n'a pas empêché la formation nancéienne de s'imposer samedi. On dirait même que les circonstances l'ont transcendée comme un soir de janvier 2006 à Lens où elle avait créé l'exploit en n'inscrivant que douze pros sur la feuille de match. C'est au pied du mur qu'on voit le maçon et l'ASNL a déjà quelques belles constructions à son actif. Après le 2-0 arraché contre Valenciennes le week-end précédent dans le temps additionnel, on peut y ajouter la victoire de samedi à Caen, acquise dans des conditions qui semblaient, une nouvelle fois, très défavorables : l'égalisation normande dans le temps additionnel de la première mi-temps qui avait fait mal au moral, la sortie du meilleur goleador Youssouf Hadji touché aux adducteurs dès le début de la seconde période, la nouvelle blessure de Michaël Chrétien à la 80'...
Mais c'est justement son remplaçant forcé, Geoffrey Adjet le seul joueur de champ sur le banc encore non-utilisé à ce moment-là, qui a inscrit le but d'un déconcertant succès. Ce qui incita d'ailleurs tous les Nancéiens à fêter ça avec une joie intense, le genre de frissons qu'on n'avait plus ressenti depuis très longtemps. Tout un symbole. Car la prestation du XV au chardon, samedi au stade Michel-d'Ornano, a bien confirmé ce que tous les supporters de Picot espéraient après le regain de forme à Bordeaux et la victoire aux dépens de VA. « On a retrouvé le vrai visage de Nancy depuis trois matches » glisse Hadji.
Oui, cette ASNL a l'instinct de survie. Elle a réagi avant qu'il ne soit trop tard. « J'ai eu très peur, j'en ai le ventre retourné mais ça va mieux, je suis rassuré. » ,confie le président Jacques Rousselot. « Après les moments difficiles qu'on vient de passer, les plus durs depuis 2002, les deux derniers matches ont une saveur particulière. Tout le club a su trouver les ressources nécessaires .»

Pablo Correa avoue aussi son soulagement, à sa façon : « Je préfère être aujourd'hui que deux semaines en arrière. Avant Valenciennes, on se demandait comment on allait s'en sortir. On avait l'impression qu'il fallait réussir des choses insurmontables pour gagner un match. Maintenant, on sait qu'on est capable de le faire. La confiance revient.»
Il faudra que les têtes suivent jusqu'au bout parce que les jambes de certains joueurs, elles, ont du mal à tenir le rythme infernal de cette saison. La blessure de Michaël Chrétien va obliger Correa à une nouvelle acrobatie en latéral droit en sachant que Helder et Berenguer, les deux dernières solutions de rechange à ce poste, vont seulement quitter l'infirmerie. L'intelligent Jonathan Brison, basculé à droite de la défense samedi à Caen en fin de match comme il l'avait déjà bien fait à Nantes en novembre, a le profil. A moins que le coach lance le jeune Maxime Kelsch, apparu avec les pros en Coupe de la Ligue à Paris, ou qu'il excentre un défenseur central (Macaluso ?).
Pour Youssouf Hadji dont les adducteurs sifflent depuis un moment, il n'y a qu'à prier. Car l'ASNL lui doit une bonne partie des 36 points qu'elle totalise maintenant. Pour être vraiment à l'abri, il lui en manque encore 6 et peut-être même moins si le maintien se joue cette année à 39 ou 40 unités comme pas mal d'observateurs le pensent. En cas de victoire, le match de dimanche face aux Canaris pourrait donc être l'occasion de « passer de l'autre côté » pour reprendre l'expression chère à Correa. Contre Nantes, en quelque sorte, Nancy aura entre ses mains une première balle de maintien à six jeux de la fin.