[Presse] Avant Lyon - Nancy

Paul Fischer, porte-parole en chef à la veille d'un déplacement très attendu, a été clair : « Si on vient à renouveler le même match, la sanction viendrait rapidement et cette fois avec Lyon, cela pourrait faire mal ! » La défaite contre le Mans a laissé des arrière-goûts bizarres et cultive une forme de mystère qui a servi de fil rouge aux conversations de la semaine. Si tout le monde s'accorde pour diagnostiquer que l'ASNL a été défaillante sur le plan de l'engagement, à l'inverse on a trouvé personne pour nous expliquer le pourquoi du comment. Les joueurs ne s'aventurent pas sur un terrain aussi scabreux, l'entraîneur adjoint n'est guère plus précis : « Sans doute est-ce dû à plusieurs facteurs, peut-être qu'on n'a pas su motiver les gars, peut-être y a-t-il eu un peu de suffisance, toujours est-il qu'on a conscience d'être passé à côté... » Le trouble tient surtout au fait que le tir n'a pas été rectifié après un passage aux vestiaires. Fischer l'admet : « L'an passé on n'a pas fait une saison terrible, mais on a toujours essayé de réagir... » Pas là c'est exact, de sorte qu'il faut se creuser les méninges pour retrouver trace d'un tel ratage.
De quoi élever le débat sur le nouveau style et de s'interroger sur ce choix quasiment dogmatique ? Correa avait juré qu'il ne changerait pas son fusil d'épaule à la première contrariété, Fischer précise : « On ne peut pas se reposer que sur le jeu. On ne peut pas se passer de l'envie, c'est toujours ce qui a fait notre force ! » Voilà un rappel fondamentaliste qui n'est peut-être pas si inutile finalement. En tout cas les discours et même certains entraînements des lendemains ont remis les points sur les « i ».

Et évidemment, on guettera avec intérêt la composition de cette ASNL en quête d'un rachat digne de ses nobles ambitions. En clair, tant sur l'organisation que sur le choix des individus, le staff technique va-t-il offrir une seconde chance aux fautifs ? Cette question, les joueurs aussi se la posent car à l'heure du départ pour Lyon ce matin, ils ne sauront pas qui sera titulaire. Cette incertitude serait de nature à mettre le plus grand nombre sous pression, ce n'est pas à proprement parler une innovation, elle présente un avantage annexe, donner 24 heures supplémentaires de réflexion au staff pour bâtir le onze de départ.
Avec un gros problème qui éclipse un peu les autres et conditionne finalement pas mal d'autres postes : qui jouera arrière droit ? L'absence de Chrétien, seul vrai spécialiste de la maison, cause un bel embarras. Macaluso peut encore jouer les dépanneurs mais il n'est pas le seul. Et son utilisation présente l'avantage de ne pas démantibuler le reste d'un édifice qui avait par ailleurs offert de jolies promesses.
Mais des changements dans l'équipe de base il y en aura sans doute avec les retours de Hadji et de Traoré, deux éléments qui peuvent vite devenir indispensables à un nouvel équilibre. Le maître mot pour allier les actes aux belles paroles. « On est une des rares équipes par exemple à jouer avec deux attaquants. C'est risqué », faisait remarquer hier Paul Fischer. Est-ce une indication ou une fausse piste ?

De la même façon, on peut se demander si affronter Lyon en ce moment, c'est-à-dire aussi tôt et alors que son esprit était tout entier tourné vers la qualification en Ligue des Champions, est une chance. Quitte à tomber une idée reçue, on peut légitimement en douter tant les hommes de Puel impressionnent. Avec un moral au beau fixe ils feront en tout cas passer un vrai test à cette équipe nancéienne. Un test d'effort. Hier, le mot d'ordre à la sortie de la Forêt de Haye était : « Il y a la place pour faire quelque chose ! »
Dans cet esprit la relative fragilité de la défense lyonnaise, laquelle sera encore remaniée, est sans doute l'idée qui sera agitée comme un chiffon rouge. De quoi maintenir une ASNL conquérante puisqu'il s'agit d'un vrai contrat de confiance avec ses supporters mais aussi avec elle-même.
Si Nancy passe l'obstacle, notamment au niveau de la manière, avec panache, alors oui on pourra affirmer que le Mans était un accident de parcours, un moment d'égarement. En changeant de costume, en redevenant un simple outsider, un rôle qui lui collait si bien à la peau par le passé, l'ASNL a le sentiment qu'elle sera plus à son aise. Comme si la situation était plus propice pour façonner son identité naissante. A vérifier.