[Presse] A Nancy, le football n’est que partiel
L’abondance de biens ne nuit pas à Marseille. Samedi soir, Didier Deschamps se réjouissait de l’épaisseur de la concurrence dans ses rangs, heureux de constater que Valbuena, Koné ou Abriel pouvaient aussi peser sur le destin olympien. A Nancy, en revanche, la quantité souhaitée lors du recrutement estival ne garantit pas toujours la qualité du résultat. Le match de rentrée l’a prouvé (0-3). L’ASNL n’a pas un banc si étoffé et la conjoncture ne l’a pas aidée tant certains absents (Chrétien en tête) manquent au système de Pablo Correa.
Ainsi la plus-value du mercato se fait-elle attendre plus que jamais en Lorraine. Si Nancy a réussi à redresser la barre en championnat, il le doit davantage à ses anciens cadres (Hadji, Dia, Chrétien, Bérenguer) qu’à l’apport de ses recrues. Marange est fort peu utilisé jusqu’alors, Lotiès a souffert mille maux samedi, Bakar a disparu à la mi-temps, Alo’o Efoulou ne trouve pas sa place tandis que Traoré et Ayité ont suivi la rencontre du banc ou des tribunes. Transfuges de Ligue 2 pour la plupart, ces joueurs ne sont pas encore au rendez-vous de l’étage supérieur. Correa n’a jamais caché qu’il leur faudrait du temps. Mais quand les valeurs sûres (Féret, André Luiz) passent également au travers, l’ASNL ne peut dissimuler son évidente fragilité.
Il faut toutefois rendre à ce match de reprise la dimension qu’il mérite. Nancy ne croisera pas Marseille tous les jours et ne pâtira donc pas systématiquement d’un tel différentiel. Les deux déplacements à Grenoble et Boulogne seront autrement plus éloquents pour le club au chardon. Tôt ou tard, l’ASNL récupérera aussi ses blessés et son entraîneur pourra alors installer une équipe, sur les bases d’une défense stabilisée. Car il n’a échappé à personne qu’Abdeslam Ouaddou n’avait pas retrouvé ses repères, faute de compétition, et que les automatismes n’étaient pas évidents à l’arrière. Les visages changent trop souvent pour établir une complicité et Correa n’y peut rien. Lui aussi cherche la bonne formule avec les moyens du moment.
Pour autant, l’ASNL risque d’inquiéter si elle continue de faillir dans l’impact physique. Elle a déjà délaissé son fond de commerce contre Le Mans, Lorient et Marseille. C’est un jeu dangereux et une piste de travail. Nancy a sans doute raison de vouloir changer sa façon de jouer mais il ne peut oublier les fondements de sa réussite passée. Son entraîneur le répète à l’envi mais les joueurs ne les appliquent que par intermittences. Il faudra donc laisser le football total à Barcelone et à ceux qui ont les moyens de le pratiquer. A Nancy, le football n’est que partiel. Et les résultats s’en ressentent.