[Presse] Le message de Correa est passé

Bien sûr qu'on peut relativiser le rarissime doublé gagnant réussi par l'ASNL à l'extérieur, il suffit pour ça de regarder l'identité des deux adversaires battus 2-1 : d'abord Grenoble auteur du pire début de championnat de toute l'histoire avec onze défaites en autant de matches et puis le promu Boulogne-sur-Mer très limité à tous les niveaux. Mais ce serait injuste de toujours faire la fine bouche, surtout en connaissant l'aspect aléatoire du football, même lorsqu'on s'appelle le Real Madrid par exemple et qu'on joue chez une D3 en Coupe d'Espagne (humiliation 4-0 à Alcorcon la semaine passée).
Ces deux déplacements d'affilée en l'espace d'une semaine, suite au report de la 11e journée mercredi dernier (Nancy-Nice) en vue du barrage Eire-France, il fallait être costaud pour les négocier à la perfection sur le plan mathématique. En plus, dans le jeu, il y a eu du mieux d'un match à l'autre. Difficile de faire pire qu'à Grenoble, c'est vrai, mais l'amélioration est réellement significative si l'on constate les nombreuses occasions obtenues au stade de la Libération.

Le 4-3-3 remis au goût du jour par Correa samedi a bien fonctionné avec la triplette offensive Hadji-Dia-Bakar pleine de peps et de talent. Le coach nancéien a aimé le comportement de ses attaquants mais, en conférence de presse, il a préféré mettre en exergue le rôle prépondérant tenu par son milieu de terrain. « C'est dans ce secteur qu'on a fait la différence » a analysé ''PC''. Pascal Berenguer égal à lui-même à la récupération, Bakaye Traoré auteur d'une bonne rentrée et Julien Féret toujours capable de prouesses techniques se sont en effet bien entendus. Et ce n'est pas un hasard si l'équipe a semblé plus équilibrée qu'à Grenoble notamment, moins coupée en deux que lors des semaines précédentes. De quoi faciliter le travail de la nouvelle paire Ouaddou-André Luiz solide en charnière centrale. Mais pour aller chercher la victoire à dix contre onze après l'expulsion de Loties (77'), ça s'est surtout joué au mental. Et là, l'ASNL a clairement confirmé qu'elle pouvait voyager, c'est le cas de l'écrire.
Après la bouillie de Lorient (3-1) ou la gifle reçue à Picot contre l'OM (0-3), on s'était interrogé sur les ressources morales de ce groupe profondément reconstruit à l'intersaison. Sur ce point, il y avait des doutes nouveaux, balayés par le renversement de situation dans le dernier quart d'heure à Grenoble et par le but du succès inscrit en infériorité numérique à Boulogne, encore à l'approche du coup de sifflet final.
« On a montré beaucoup de caractère » a répété plusieurs fois Pablo Correa samedi dans la salle de presse du stade de la Libération pour bien faire comprendre qu'il avait eu ce qu'il voulait dans ce domaine. « J'avais demandé au groupe de donner une suite aux vingt dernières minutes de Grenoble. J'avais insisté là-dessus dans les discours de la semaine ».
Le message est parfaitement passé. Cette nouvelle ASNL a encore l'envie de déplacer des montagnes. Et comme cette équipe 2009-2010 possède un potentiel offensif qu'elle n'avait pas par le passé, elle peut jeter un œil sur le classement avec une certaine gourmandise. Malgré un déséquilibre ahurissant de son calendrier (quatre matches à domicile, sept à l'extérieur), la formation au chardon ne se trouve finalement qu'à trois longueurs du quatrième Montpellier, le tube de l'été. C'est fou mais c'est la réalité.

Romain JACQUOT