[Presse] Nancy ne gagne pas au change

Lors du premier entraînement de la semaine, mardi, Pablo Correa a réuni ses joueurs pour leur annoncer qu'il y aurait pas mal de changements dans l'équipe qui démarrera dimanche, à Auxerre. Pas vraiment surprenant, après la lourde défaite subie le week-end dernier face aux Girondins de Bordeaux à Picot (0-3).
Cela signifie en tout cas que Nancy, pour la quinzième fois de la saison en autant de journées de L1, va modifier son onze de départ d'un match à l'autre. Autrement dit, Correa n'a jamais aligné la même équipe deux rencontres de suite. Voilà une stat qui résume à elle seule la situation générale de l'ASNL, dont le chantier a peu avancé depuis le début du championnat, le 8 août. Le coach n'essaie d'ailleurs pas de masquer la réalité, il analyse franchement ce turnover incessant : « Il y a eu des blessures et des suspensions, mais ça n'explique pas tout. On n'a pas encore trouvé la bonne formule, c'est vrai. A certains postes, une hiérarchie a du mal à se dessiner. Du coup, on change beaucoup. »
Le petit avantage, c'est que tout le monde peut se sentir concerné dans l'effectif. Le gros inconvénient, c'est que les automatismes ne se créent pas. Or, pour réussir une saison extraordinaire en 2007-2008, l'ASNL s'était appuyée sur une ossature de joueurs titulaires et avait dégagé une équipe-type. Souvenez-vous : Bracigliano, Chrétien, André Luiz, Puygrenier, Biancalani (ou Sauget), Gavanon, Berenguer, Kim, Dia (ou Malonga), Hadji, Fortuné.
A l'époque, il y avait par ailleurs un schéma tactique quasi-permanent, le 4-2-3-1, dans lequel les joueurs avaient leurs repères. Actuellement, en revanche, les tâtonnements concernent aussi le système de jeu. L'ASNL a commencé en 4-2-3-1 à Valenciennes, avec Julien Féret en « neuf et demi », avant d'alterner entre le 4-3-3 et le 4-4-2 ressorti sans succès pour la réception de Bordeaux.

« Quand on choisit un système cette saison, c'est par rapport à nous-mêmes, par rapport à ce qu'on veut mettre en place. Ce n'est pas en fonction de l'adversaire », dévoile Pablo Correa. « Après, certains éléments se sentent bien en 4-3-3 et d'autres préfèrent le 4-4-2. On a pu s'en rendre compte au fil des matches. »
Les progrès n'ont pas sauté aux yeux dernièrement, loin de là, mais le coach explique qu'il a appris à mieux connaître le fonctionnement de ses neuf recrues. Il assure que le temps est son allié, pas son ennemi : « Je comprends que les gens soient impatients, mais ça fait seulement quatre mois que le championnat a démarré, c'est peu pour un groupe qui a été modifié de moitié à l'intersaison. On a l'objectif de terminer dans les dix premiers, on fera le bilan à la fin. »
En attendant, la taille importante de l'effectif (vingt-six pros sans compter Gunnarsson à Stabaek) se retrouve au cœur du débat. L'ASNL n'a-t-elle finalement pas trop de joueurs pour parvenir à dégager une équipe-type ? Il y a déjà eu vingt-cinq éléments utilisés cette saison, malgré l'absence de Coupe d'Europe... « Quand le groupe est au complet, on est effectivement nombreux », répond Correa. « Mais dès qu'il y a des absents, ça pose quand même problème. Regardez au poste de latéral droit. Si vous partez avec un effectif de dix-huit joueurs, c'est dangereux, vous êtes sans arrêt condamné à l'exploit... »
C'est toujours bien d'avoir l'embarras du choix, mais c'est encore mieux de reconduire un onze qui a donné entière satisfaction. Contre Rennes, le 12 décembre à Picot, si le coach alignait exactement la même « compo » que dimanche à Auxerre, ce serait sûrement bon signe... On ne change pas une équipe qui gagne, n'est-ce pas ?

Romain JACQUOT