[Presse] Dia, le mini " Bolt " nancéien

Quel splendide dépucelage ! Après cinq échecs face aux représentants français en C1, l'ASNL est enfin parvenue à ouvrir son compteur face à l'un des trois cadors de la L1 et pas n'importe lequel, puisqu'elle a terrassé le champion en titre dans son stade, en Gironde, là où elle ne s'était plus imposée depuis quatorze ans.
L'exploit est grand et il le restera même si bien sûr, et on ne cessait de le répéter, c'était le bon moment pour affronter des Bordelais forcément touchés moralement et diminués physiquement. Mais encore fallait-il profiter des faiblesses actuelles de l'ex leader du championnat, ce que les Nancéiens ont su faire à la perfection.
Si le grand bonhomme de la soirée restera immanquablement Issiar Dia auteur de deux ou trois déboulés monumentaux et d'un but prodigieux en deuxième mi-temps, le mérite de ce succès revient également à la collectivité et aux efforts défensifs d'un groupe courageux qui a su contenir un pressing bordelais par moment insoutenable. Au bout d'un temps additionnel irrespirable, il y eu donc ce coup d'éclat, signé à l'extérieur bien sûr, où l'ASNL a remporté hier soir son septième succès de la saison. Une impressionnante série.
Ce qui donne encore plus de valeur à l'exploit, c'est qu'il a été signé face à un vrai Bordeaux, pas un Bordeaux bis. On avait en effet espéré que l'ASNL affronte des Girondins de bois. Ce ne fut pas tout à fait le cas. Laurent Blanc n'opta que pour un remaniement assez léger, laissant juste Chamakh, Plasil et Wendel sur le banc. Pour sa part, Pablo Correa avait choisi un onze de départ classique, avec Loties suppléant Chrétien dans un couloir droit où vint également se positionner Brison. Le but de la manœuvre était de bloquer les montées de Trémoulinas et d'assécher la principale voie d'approvisionnement des Girondins. Une bonne idée car Bordeaux insista beaucoup et quasiment uniquement de ce côté-là.
La première mi-temps fut un condensé des qualités et des défauts de l'ASNL version 2009-2010. D'abord une équipe très dangereuse dès qu'elle a de l'espace. Ce qui arriva à la 18e minute quand Issiar Dia hérita d'un ballon idéal dans la profondeur de la part de Marange.

Parti des quarante mètres, le vif attaquant nancéien laissa sur place Chalmé, grilla la politesse à Henrique et offrit un caviar à son pote Youssouf Hadji, auteur de son dixième but (0-1, 18e). Pas forcément imméritée car l'ASNL avait jusque-là plutôt bien maîtrisé un champion de France bien pâle dans le jeu et qu'elle se créa encore d'autres opportunités avant le repos.
On vit malheureusement assez vite l'autre visage de cette équipe nancéienne. Celui d'une formation aux abois sur les coups de pied arrêtés qui sont la grande spécialité du champion. Chaque corner ou coup-franc botté par Gourcuff provoqua un vent de panique dans l'arrière-garde lorraine. Deux lifts du meneur de jeu des Bleus permirent à Cavenaghi de prolonger dans la cage de Bracigliano une remise de Diarra (1-1, 28e), puis à Henrique d'inquiéter de nouveau le portier nancéien sauvé par son poteau (36e). Pour signer un exploit là où elle n'avait gagné que deux fois en quarante ans, l'ASNL eut forcément besoin d'un peu de réussite.
Le pressing bordelais prit des allures de siège autour de l'heure de jeu. Mais le bloc nancéien ne craqua pas. Seul Bellion donna quelques sueurs froides à la cinquantaine de supporters lorrains présents sur une frappe trop croisée (65e). C'est à ce moment-là que Dia piqua de nouveau. Servi sur la ligne médiane, le mini « Bolt » nancéien refit le coup de la première période, mais en mieux. Il se retourna, provoqua et contourna Chalmé en vitesse, puis dribbla Henrique et trompa Carasso d'un pointu. « Le but de l'année », avoua après coup Pascal Berenguer. Laurent Blanc fit entrer ces trois remplaçants de luxe pour tenter d'éviter un nouveau fiasco. En vain. L'ASNL ne lâcha plus son exploit.