[Presse] «Même Loïc Rémy est allé s’excuser !"

«En sport, il n’y a que le résultat qui compte !», cette vérité sentencieuse signée Pablo Correa et répétée samedi soir, tout le monde ou presque l’a adoptée. Mais il fut un temps, l’ASNL la vénérait comme unique précepte de sa philosophie de jeu ou d’antijeu comme vous voulez. A l’usage du temps, elle a adouci ce dogme. Volontairement ou non. Mal lui en a pris, aujourd’hui on lui prête souvent des intentions louables pour le spectacle mais elle s’est mise à pleurer sur le peu de reconnaissance accordée à sa méthode revue et corrigée. De là à penser qu’il y a un rapport de cause à effet...

Car en d’autres temps Nancy aurait pu ramener au moins un point du Vélodrome, cela n’aurait pas été du vol. Tandis que là...La série en cours, où rien ne veut tourner dans le bon sens, n’autorise décidément aucune faiblesse et plus que jamais l’ASNL ne pourra miser que sur elle-même. C’est un peu comme si elle payait sur l’autel de la morale ses années d’un comportement abrasif qui après avoir surpris, a été honni, puis élevé au rang de symbole du négativisme footballistique par l’expertise des jalousies ambiantes. A Nancy on a toujours refusé cette étiquette mais on a tout de même consenti à une évolution. L’image et la réputation demeurent coriaces.

A la sortie du stade Vélodrome un contraste nous a éclairés. Alors que les dirigeants et le staff refusaient de tomber à bras raccourcis sur l’arbitrage de M.Malige, le spectre des commissions et de leur tribunal ne les quitte plus, les joueurs, eux, ne se gênaient pas. Comme si l’injustice flagrante du moment avait réveillé les consciences. On y a vu surtout des signes significatifs de la mentalité gaillarde qui habitait cette équipe. Bakaye Traoré par exemple ne masquait rien de sa colère. «Même Loïc Rémy est allé s’excuser, c’est la preuve de sa faute...». Joël Sami ajoutait : «On a la rage !». Hadji, en qualité de capitaine : «Je suis allé dire à l’arbitre qu’il pouvait au moins se soucier de l’état de santé de Damien. Il voulait lui donner un carton jaune car il protestait!». Une extravagance de plus confirmée par la victime, Grégorini semblait accabler et accuser : «On n’est pas arbitré comme l’OM !» «Il nous a dit qu’il avait validé le but, qu’il ne pouvait pas revenir en arrière !», nous lanceront plusieurs joueurs.

Cet épisode auquel on pourrait ajouter au moins deux autres fautes marseillaises en pleine surface lesquelles auraient mérité des sanctions, traduit aussi les limites actuelles de l’ASNL. qui n’a pas les moyens de surmonter de tels avatars ou même de les contourner. Elle ne dispose d’aucune marge de manœuvre, qui plus est chez le champion de France même si ce samedi l’OM roulait au ralenti et à l’ordinaire. «Il y avait la place», assura Correa. Tout le monde l’avait bien remarqué même si les Olympiens qui avaient à l’évidence d’autres soucis en tête, ne s’attardèrent guère sur le sujet à l’exception de Valbuena. L’international concéda que son équipe tardait à élever son niveau. Le cynisme de ses coéquipiers ne rajoutera vraiment rien à leur gloire.

A Nancy dans le vestiaire on a bien compris qu’un nouvel ennemi avait emménagé : la démoralisation. «On en a déjà parlé avec Youssouf (NDLR Hadji), on va faire ce qu’il faut !», nous révélait André Luiz, en grand sage.

En clair pas de pleurnicheries, l’ASNL va garder sa tenue de combat. Car le moindre ramollissement, le moindre doute, la moindre embrouille interne pourraient être fatals. On a bien compris cependant que samedi cette défaite douloureuse avait fait des dégâts dans les têtes. Les joueurs étaient marqués. Voilà le risque majeur aujourd’hui alors que sur le plan technique et tactique, quelques petites choses notoires se sont améliorées. « On a bien travaillé, on reste serein», assurait Djamel Bakar. En défense notamment le collectif paraît mieux huilé, la construction, les sorties de zone ont progressé. Mais ce n’est toujours pas suffisant pour s’éviter des ennuis. Et on arrive au quart du championnat, fatalement le prochain match contre Lorient, hier l’antithèse de l’ASNL, prend d’un coup un côté dramatique. Picot va abriter le match le plus important depuis bien longtemps.

Christian FRICHET