Jean Calvé : « Une carrière, ça se joue vraiment à pas grand chose »

Calvé dans So Foot:

Le FC Porto, la Lazio, Monaco, le PSG, le FC Séville…et toi tu signes à l’ASNL ? Sans dénigrer les résidents de Marcel Picot, les autres propositions pouvaient paraître plus alléchantes ?

Je suis bien content que cet épisode “mercato” soit terminé. C’était très compliqué au fait. J’étais en fin de contrat avec Le Mans et c’est vrai que beaucoup de clubs se sont manifestés. Mais la plupart du temps, il n’y avait rien de concret. Pour tout te dire, c’étaient mes amis qui n’arrêtaient pas de m’appeler pour me dire sur tel site on t’annonce là et sur tel autre là-bas. C’était plus du vent qu’autre chose. J’ai d’ailleurs visité plusieurs installations de clubs, rencontré des directeurs sportifs…

Il paraît même que tu avais rendez-vous à Rome avec les dirigeants de la Lazio et que tu as raté l’avion ?

(rires) Non mais cela ne m’arrive jamais d’habitude ! C’est vrai que je suis toujours le dernier à sortir de la douche mais rater l’avion quand tu as un truc super important, c’est chaud. Le pire, c’est que ce n’était même pas de ma faute. J’ai un frère qui, apparemment, connaît tous les raccourcis, les heures de bouchons, c’est info trafic à lui tout seul. Eh ben là, il nous a foutus dedans !

Où on en était déjà ?

Je te disais que j’avais plein de contacts mais que je ne savais jamais si c’était pour me faire jouer ou juste pour récupérer un joueur libre. Et franchement, je ne pense pas m’être trompé. Les dirigeants de Nancy cherchaient un joueur pour pallier au départ de Mickaël Chrétien, ils ont fait appel à moi. Tant mieux ! J’ai l’impression d’être passé à l’échelon supérieur. Je vais pouvoir jouer l’UEFA.

Mickaël Chrétien n’est pas parti encore !!!

Ouais je sais, et même s’il reste, cela ne change rien. C’est un bon joueur, le meilleur de nous deux jouera.

Faire banquette pour faire banquette, je pense que les sièges Recaro du FC Porto, c’est nettement plus confortable ?

Moi j’ai fait un choix de carrière que j’assume. J’aurais pu partir en Grèce et toucher beaucoup de sous. Je n’ai que 24 ans et je pense avoir le talent pour m’imposer à l’ASNL, mais aussi dans les grosses écuries européennes. Faut juste pas brûler les étapes.

Je rêve ou tu as mis de l’eau dans ton vin ?

Mais j’ai toujours été comme ça. C’est au FC Sochaux que l’on m’a collé cette étiquette de rebelle. C’est n’importe quoi. Je suis juste quelqu’un qui aime bien déconner, et ce depuis tout petit. Avec mes potes, dans ma rue, on vanne, on rigole, on parle fort. C’est notre façon d’être. Mais quand j’ai débarqué au Château de Seloncourt, cela ne plaisait pas à tout le monde. Ajoutez à cela la signature houleuse de mon premier contrat pro. Eh ben, j’étais grillé.

Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

C’est juste que comme j’étais un joueur issu du centre de formation, je n’étais pas jugé à ma juste valeur. Ce qu’ils me proposaient n’était pas suffisant. J’ai refusé et je me suis retrouvé en difficulté. Je suis parti en vacances et à la reprise je n’avais plus de club. J’allais m’entraîner avec un club de DHR pour garder la forme. C’était pas évident. Finalement, j’y suis retourné et j’ai pu faire mes débuts en pro.

Tu as ensuite atterri au MUC 72 ?

J’ai vécu deux belles années au Mans. La première, je n’étais pas titulaire. Frédéric Hanz préférait faire jouer Olivier Thomas mais j’ai quand même réussi à lui monter ce dont j’étais capable. La deuxième année, c’était plus cool. J’étais titulaire, j’ai fait 34 matchs. Une belle saison ! L’équipe a bien marché. Même pendant la CAN, on a été solides. On s’est même permis d’éliminer Lyon en quart de finale de le Coupe de la Ligue. Je garderai de bons souvenirs de mes années mancelles. J’avais des coéquipiers super forts. Je pense notamment à Pelé, Romaric, Sessegnon, Yebda, Basa…

Ils quittent d’ailleurs tous le navire ?

C’est dur pour un petit club comme Le Mans de garder de tels joueurs. Ils aspirent à évoluer dans des clubs à la mesure de leur talent. Le Muc a eu le nez creux en faisant signer ces joueurs peu connus. Il est maintenant naturel de les laisser partir.

Pour finir, pas trop dure la reprise ?

Je fais tranquillement connaissance avec mes nouveaux coéquipiers, avec le coach. Mais la préparation, c’est super physique, on cavale comme des dingues. Mais bon je n’ai pas à me plaindre. Je suis fier de mon parcours. Je pars de très loin. J’ai débuté le foot très jeune, dans l’ombre de mon frère Sébastien. Dès qu’il changeait de club, j’étais obligé de le suivre. C’est comme ça que j’ai atterri au Racing de Colombes et que j’ai pu entrer à l’INF. Une carrière, ça se joue vraiment à pas grand chose.