[Presse] ASM - ASNL (0-1), saison 2010/11

On ne se doutait pas forcément que l’AS Monaco, comme un club ordinaire, possédait ses ultras. On les a découverts en ce rayonnant dimanche de printemps puis sous la pleine lune, déchirant le silence de Louis-II, pour proférer toutes sortes d’insanités à leurs soi-disant protégés. Et finissant, par dépit bien sûr, par leur chanter que la Ligue 2 serait mieux pour eux.

Sauf que de Ligue 2, il en sera peut-être question pour ces supporters, pas forcément pour beaucoup de joueurs de la constellation actuelle, elle sera alors dispersée aux quatre vents.

Tel est le problème majeur de ce puzzle, les liens qui devraient unir les joueurs entre eux, les rapprocher des objectifs du club, sont aussi précaires que leur condition est favorable.

Alors dans les couloirs, malgré ou en vertu de la gravité du moment, les silences étaient redevenus l’usage. Si on parlait, comme Diarra ou Ruffier le firent, c’était pour dire qu’on ne voulait pas le faire. Laurent Banide, lui, se crispa avant de passer au confessionnal avec Etienne Franzi, son président de l’ombre. Dérobades en tout genre.

Voilà peut-être où se niche une bonne part de la vérité du match contre Nancy, dans ce contraste avec une petite communauté lorraine qui a su précisément se prendre en charge. Et ainsi assumer les responsabilités de la fonction. Pourtant dans la population de ses joueurs aussi, il y aura d’ici peu quelques séparations. Mais tout le monde reste concerné par l’avenir de l’employeur actuel. Prenez André Luiz, l’auteur du but vainqueur, déjà son quatrième tout de même cette saison, il n’a plus de contrat au-delà de juin, sa négociation avec l’ASNL pour une prolongation a échoué. Sa conscience assume gaillardement la perversité de la situation. Un exemple parmi d’autres. L’ASNL est un club qui se respecte et vice-versa.

Grégorini, capitaine exemplaire

Monaco, minée par les problèmes internes, ressemble à un condamné. Mais à ce petit jeu des pronostics vitaux, les observateurs se sont souvent trompés. Lens, Auxerre mais aussi Caen, Valenciennes… Nancy ont répondu précédemment au portrait-robot. Ce championnat si compact peut encore réserver des surprises, la soirée du dernier samedi n’était pas mal dans le genre…

L’ASNL, avec ses 35 points en poche à dix matches de la fin, trace sa voie sans parader vers sa priorité absolue, le maintien, seul garant d’une bonne part de ses engagements. Au passage on soulignera l’extravagance de la situation comptable : l’ASNL vient de s’échapper à six points du premier relégable Monaco, mais n’est plus si loin, à quatre longueurs, de Saint-Etienne, le sixième ! Il y a là tout le sel, mais aussi tout le vice d’une épreuve sanglante pour les nerfs.

« Ça fait plaisir de gagner des matches comme ça, à l’arraché, sans forcément bien jouer en seconde période », Jonathan Brison, en tant que ’’vétéran’’ des campagnes précédentes, connaît toute la signification profonde de ces victoires à la cravache. Il sait qu’elles forgent un esprit, une âme. « On a été soudé. On a un vrai groupe, ça s’est vu en seconde période dans la difficulté car on n’a pas été bon. Quand on lutte on a des satisfactions », dans la bouche de Julien Féret l’hommage à la sueur prenait peut-être encore plus de sens. Personne n’oubliait donc que ce coup juteux tenait d’abord et surtout à la performance individuelle d’un capitaine exemplaire, Damien Gégorini. Pas de quoi exonérer donc une finition un peu défaillante car l’ASNL aurait dû tuer le match, ni la perte d’équilibre d’une fin techniquement quelconque malgré la bravoure généralisée. Même sous le soleil enchanteur de la Riviera il est toujours interdit de perdre le sens des réalités.

Christian FRICHET